Rentrée 2022 : vers une aggravation de la pénurie de personnel en officine
Le secteur pharmaceutique connaitra une aggravation de la pénurie de préparateurs en pharmacie et de pharmaciens dans les prochaines années. En 2022, il n’y a d’ores et déjà pas assez de professionnels de santé pour répondre aux besoins médicaux de la population, et au vu de la rentrée 2022 en études de pharmacie, ce problème ne semble pas être sur la voie de la résolution.
Selon une communication de l’Anepf, seul un tiers des places en deuxième année de pharmacie sont occupées en cette rentrée 2022. Cela représente 1100 places vacantes, réparties dans les 24 facultés de pharmacie françaises. À titre de comparaison, l’an dernier, seules 163 places n’étaient pas occupées.
📣 #CDP | Vers une véritable #pénurie de #pharmaciens dans 5 ans ? 🐍
163 places #vacantes en 2ème année d’#études de #pharmacie en 2021, nombre explosant à plus 1️⃣1️⃣0️⃣0️⃣ cette année, avoisinant 30 % d’étudiants en moins, face au numerus prévu.
1/4 pic.twitter.com/RxHgtXj3SZ
— Pharma_ANEPF (@Pharma_ANEPF) September 21, 2022
Différentes explications sont avancées pour comprendre l’amplification de ce phénomène.
Avec la réforme, c’est désormais un modèle de licence qui s’applique
La Réforme de l’Entrée dans les Études de Santé prévoit que les étudiants valident désormais leur année de la même façon que les étudiants en licence. Tandis qu’auparavant, les élèves passaient en 2ème année grâce à leur classement, c’est-à-dire suivant le modèle du concours, c’est désormais uniquement s’ils ont la moyenne qu’ils passent ce palier.
Mais il y aurait une application inégale de cette réforme au niveau local. C’est pour cette raison que le collectif PASS-L.AS a été créé. Ce collectif souhaite obtenir l’abrogation ou l’annulation de la réforme du 1er cycle des études de santé. Son président annonce qu’il faudrait « retrouver des règles justes et claires pour tout le monde, qu’il y ait une homogénéité au niveau du territoire, et pas des particularités qui font que c’est plus facile à tel ou tel endroit parce que chaque faculté a son propre règlement ».
Il est urgent de réviser la réforme des études de santé ! @LaurentPaganel1https://t.co/u3acPBr88j https://t.co/JfabE272of pic.twitter.com/JprSclNaV0
— Collectif Pass-Las National (@pass_las) September 24, 2022
En y ajoutant le fait que les programmes sont tout aussi chargés que les années précédentes et qu’il n’y a pas de comités de suivi locaux, il devient compréhensible que les promotions se vident au fur et à mesure des années. Des comités de suivi permettraient en effet d’évaluer l’évolution et la qualité des formations.
Un manque d’attractivité comparé à la demande
Un certain nombre de facteurs ont contribué à la pénurie de pharmaciens en France. Premièrement, la population vieillit et la demande de services de soins de santé augmente. Ensuite, de nombreux pharmaciens prennent leur retraite et les écoles de pharmacie n’accueillent pas suffisamment de nouveaux étudiants pour les remplacer. Enfin, la rémunération dans ce secteur n’est pas aussi élevée que celle d’autres professions, ce qui n’incite pas les jeunes à choisir cette voie professionnelle. Pour un préparateur en pharmacie par exemple, le salaire net de départ est de 1356€ net, après deux années d’études.
L’Anepf pointe le manque de présentation en première année des différents débouchés de la filière pharmaceutique. Cela ne décide pas les étudiants à se diriger vers cette filière, qui offre pourtant de nombreuses possibilités en officine, dans l’industrie pharmaceutique, dans la distribution, en hôpital, dans la biologie médicale, dans l’armée…
Un nombre d’inscrits décroissant… pour un nombre de places en augmentation. En 2020, 3265 places étaient à pourvoir en deuxième année de pharmacie. Deux ans plus tard, 3802 places sont ouvertes aux étudiants. Pourtant, là où ils étaient 3400 sur les bancs de l’Université en 2021, ils ne sont désormais plus qu’environ 2700.
Et pour la suite ?
En 2023, le gouvernement présentera au Parlement un rapport d’évaluation de la réforme. Ce projet est inscrit dans la loi Organisation et Transformation du Système de Santé, qui vise à renforcer l’accès aux soins.
L’accès aux soins des patients est un axe prioritaire pour l’Anepf, qui prévoit un possible déséquilibre hospitalier privé et public. Or, il manque d’ores et déjà 15 000 préparateurs en pharmacie et pharmaciens en France.
Sur @franceinfo , la pénurie de personnel avec @RenaudNadjahi https://t.co/tKTmO5AoAr
— USPO – Pharmaciens d’Officine (@USPO_Pharmacies) August 11, 2022
La solution à ce problème pourrait être d’augmenter le financement des écoles de pharmacie, et de faire en sorte que davantage de jeunes soient conscients des possibilités offertes dans ce domaine. Il est également important d’offrir des salaires compétitifs pour attirer les étudiants dans cette profession. Enfin, il est à espérer que la réévaluation de la réforme permettra de trouver des solutions tangibles pour éviter une « désertification » du milieu pharmaceutique.
Sources :
https://www.francetvinfo.fr/sante/professions-medicales/reportage-les-pharmacies-peinent-a-recruter-j-ai-des-collegues-qui-cherchent-depuis-deux-ans_5302744.html
https://www.24-7services.eu/blog/salaire-preparateur-pharmacie
https://www.letudiant.fr/etudes/medecine-sante/pass-l-as-un-collectif-demande-l-annulation-de-la-reforme-du-1er-cycle-des-etudes-de-sante.html
https://twitter.com/Pharma_ANEPF/status/1572480809600274432/photo/1