Bien-être des étudiants en pharmacie : l’Anepf dévoile les résultats de son enquête
L’Anepf (Association Nationale des Étudiants en Pharmacie) a réalisé une étude portant sur le bien-être des étudiants en pharmacie. Les résultats se révèlent alarmants, et l’association appelle entre autres à un changement dans le suivi physique et mental des étudiants.
Près de 3000 étudiants ont répondu à cette enquête. Les données recueillies ont montré que 21.5% des étudiants considèrent leur santé physique comme plutôt mauvaise ou mauvaise, et que ce chiffre monte à 46% en ce qui concerne leur santé mentale.
#EnquêteBienEtre | Les étudiants en pharmacie sont confrontés à la précarité :
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Un mal-être préexistant dans les études de santé
De façon plus globale, les étudiants en pharmacie semblaient déjà aller mal avant la crise sanitaire puisqu’en 2019, 28.2% d’entre eux présentaient un état dépressif modéré à sévère selon l’enquête réalisée cette année-là par l’Anepf. Ils sont aujourd’hui 35.8%.
La pandémie a non seulement exacerbé un mal-être déjà présent, mais aussi ajouté de nouvelles difficultés liées au monde professionnel ou humain, en réduisant les possibilités de contacts et d’interactions.
Selon l’enquête bien-être de 2021, de nombreux étudiants en pharmacie remettent en cause la nécessité de dispenser des enseignements aussi nombreux et variés. Ils considèrent que cela participe à leur découragement face aux études.
Une aggravation du mal-être étudiant avec la crise sanitaire
La crise sanitaire a engendré de nouvelles problématiques pour les étudiants. Les universités ayant fermé, ils se retrouvent isolés, et les cours en distanciel sont plus facilement sources de décrochage scolaire. Ainsi, selon les données de l’enquête, ils sont 44.1% à souffrir d’isolement ou de solitude, et 41% sont en décrochage total ou important dû à la crise.
D’autres chiffres sont tout aussi parlants : 35% des étudiants ont eu des idées noires, 4% ont fait une tentative de suicide. Parmi eux, 75% n’avaient jamais eu ces pensées avant la pandémie.
Plus de la moitié des étudiants en pharmacie ont estimé que les examens étaient plus éprouvants émotionnellement qu’en temps normal. Les éléments avancés pour expliquer cet état de fait est la perte de confiance en leurs compétences, ainsi qu’un niveau de stress plus élevé que d’habitude.
De nouveaux facteurs entrent en compte dans la vie étudiante
57.4% des étudiants n’ont pas pu suivre correctement leur cursus universitaire : problèmes de connexion, environnement de travail inadapté, difficultés à travailler seul, mal-être et démotivation, facteurs familiaux sont autant de paramètres qui se sont ajoutés avec la crise.
Le manque d’activité physique lié aux confinements engendre notamment des difficultés à dormir, et c’est d’autant plus le cas que les écrans sont désormais omniprésents avec les cours à distance. 27.8% des étudiants en pharmacie utilisent à présent une aide pour s’endormir, qu’il s’agisse de médicaments ou de cannabis.
Pourtant, comme le rappelle l’Anepf, « le sommeil est à la fois un gage de santé et un élément clé dans l’apprentissage ».
Des répercussions sur le monde professionnel
En ce qui concerne les enseignements pratiques, un quart des étudiants ont eu des difficultés à trouver un stage. Or, pour des raisons évidentes, un stage est primordial pour affiner son orientation professionnelle.
Suite à la crise sanitaire, 38% des étudiants ont remis en question leur projet professionnel. Un peu plus de la moitié d’entre eux l’ont fait à cause d’un découragement. L’autre moitié a changé d’avis pour d’autres raisons : certains car ils ont eu la possibilité d’assister à davantage de conférences, celles-ci s’organisant à distance ; d’autres car les périodes de confinement leur ont donné plus de temps pour réfléchir à leur projet.
Un manque de communication et d’accompagnement pointé du doigt
Un accompagnement insuffisant de la part des administrations, universités et équipes pédagogiques est critiqué, puisqu’un étudiant en pharmacie sur deux ne se sent pas accompagné par ses professeurs.
Dans un même temps, les initiatives portées par les universités et les régions n’ont pas été suffisamment relayées, notamment en ce qui concerne les aides pour éviter une fracture numérique.
Il semble dommage que des initiatives prises par la faculté, les professeurs et professionnels encadrants ne se soient pas fait davantage connaître auprès des personnes en ayant besoin, c’est-à-dire les étudiants.
Un rythme nouveau qui plaît pourtant à près de la moitié des étudiants
45.4% des étudiants ont apprécié les cours à distance et souhaitent en conserver une fois la crise sanitaire passée. Les raisons avancées sont le temps gagné ainsi à ne pas être dans les transports, ainsi que leur environnement plus calme et confortable.
Mais même dans cet état d’esprit, les étudiants souhaitent garder des cours en présentiel afin de maintenir le contact avec leurs professeurs et camarades.
Quelques solutions clés avancées par l’Anepf
Afin de répondre aux étudiants souhaitant conserver quelques cours à distance, l’Anepf souhaite instaurer des campus connectés. Ces campus permettent aux étudiants de suivre, près de chez eux et dans un cadre convivial et encadré par des tuteurs, des cours à distance. L’Anepf propose également de développer davantage les formations en e-learning, afin de développer les savoir-faire pratiques des étudiants en pharmacie.
D’un point de vue pédagogique et afin d’accompagner davantage les étudiants, l’Anepf préconise la mise en place d’une équipe dédiée à l’accompagnement et à la pédagogie dans chacune des UFR. Elle avance également l’idée d’organiser du mentorat d’enseignants auprès des étudiants, afin de détecter un découragement, et les remotiver en cas de décrochage.
Accentuer la communication autour des Services de Santé Universitaires devient primordial, puisqu’il existe d’ores et déjà des structures visant à accompagner les étudiants. Mais comme expliqué précédemment, ces derniers n’ont pas toujours connaissance de leur existence. Les moyens alloués à ces services sont insuffisants, et créent une grande disparité entre les structures de santé. Pour y remédier, il faudrait augmenter le nombre de professionnels de santé en faculté.
Lors des confinements et couvre-feu, les restaurants universitaires ne sont pas toujours restés ouverts. Pour aider les étudiants en situation de précarité à manger à leur faim, l’Anepf propose d’aligner leurs horaires d’ouverture avec ceux des bibliothèques universitaires. Dans cette même optique, elle souhaite que les invendus du CROUS puissent être revendus à moindre coût aux étudiants.
L’Anepf alerte avec cette enquête sur la santé mentale et le niveau de bien-être des étudiants en pharmacie. Vous pouvez retrouver toutes leurs propositions pour remédier à cet état des lieux dans leur dossier de presse.
Sources :
https://www.etudiant.gouv.fr/fr/les-campus-connectes-1075
https://docs.google.com/document/d/1L3J3DRYK-PrP5pt3hoWB4Qym-Lwn11bjSt8g5Tzr8qU/edit
https://drive.google.com/file/d/15XWUPAp5xfmhbsKCgqiZIbfURd8D0zvg/view